Ce que l'on remarque immédiatement chez Betty, c'est sa blondeur. Ses longs cheveux soyeux qui descendent en cascades blondes sur ses frêles épaules. Elle n'est pas idiote pour autant et accepte toutes les blagues qui peuvent se faire sur sa couleur de cheveux, au contraire : elle est intelligente et aime la réflexion. S'emporter ne sert à rien et c'est un sourire radieux à toute épreuve qui illumine son doux visage ovale. Betty est une fille soignée, autant dans les apparences que dans ce qu'elle entreprend. La mode, le luxe, elle a toujours pu tout se permettre mais sa plus grande passion réside dans les livres. Gagner sa silencieuse attention peut devenir un fardeau. De grands yeux marrons attentifs qui s'accroche à une personne pour ne plus la quitter. C'est probablement dût à son esprit maternelle, à aussi sa peur maladive. Non pas qu'elle aime ça, mais la fuite est souvent sa meilleure amie. La peur et la curiosité font généralement mauvais ménage. Et si elle découvrait par hasard une chose qui l'effrayait ? Sûrement est-elle effrayée par sa curiosité...
Betty est l'une de ses filles qui paraît bien insipide à l'extérieur. Belle comme un coeur, à la taille fine et aux courbes parfaites. Elle attire tous les regards, et les petit-copains ont toujours été nombreux. Mais elle est pâle... Anglaise de naissance, le soleil ne vint pas souvent caresser sa peau...
Elle est sympathique, drôle, ouverte, cultivée. On sent bien son amour pour la littérature et tout ce qui touche aux mots. Elle aime profiter de la vie malgré sa réserve et sa timidité... Une des grandes particularités de la belle est sa rêverie. Sa tête constamment dans les nuages et son regard qui se perd dans le vide. Elle semble ailleurs, perdue dans la contemplation d'une poubelle verte ou d'un réverbère écroulé sur le bord de la route. Des rêves de petites-filles : un amour sincère ou la dernière robe de Mango... Betty a toujours été gâtée sauf en amour, pas du tout du genre à ramener des copains à la maison ou à boire une bouteille de bière avec ses amis... Une coincée, mais prête à s'ouvrir grâce à son nouveau modèle et ancêtre : Lexie.

Même l'été à Londres, il fait moche. Par moche, j'entends qu'il pleut, que les éclairs traversent le ciel et que les nuages sont tellement noir que la nuit et le jour n'existent plus. Il faisait d'ailleurs un temps de chien quand les parents Dawkins ont débarqué à la clinique privée londonienne la plus proche de leur domicile. L'homme avait un sourire jusqu'aux oreilles et sa femme dans le fauteuil roulant qu'il poussait, était enceinte jusqu'aux dents et l'insultait comme pas permit. Comme quoi, les sous riment pas avec éducation... Une bonne dizaine d'heures plus tard, c'est Betty qui naissait. Un drôle de petit bébé, qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à sa mère. Seuls les yeux marrons de son père, probablement un français vu ses cheveux, y inscrivait ascendance.

Les Dawkins étaient réputés. Grand chirurgien, le père faisait partie de la direction du service chirurgical et de l'hôpital tandis que sa mère elle, dirigeait le service pédiatrique. Les soins ne manquaient pas, et encore moins l'envie de refaire un autre enfant. Betty demeura donc seule mais choyée et élevée avec toute la tendresse nécessaire à l'élevage de trois ou quatre enfants... La Betty, au milieu de tout ça, ne pouvait que devenir prétentieuse et assoiffée de garçons. Soyez surpris, ce ne fut même pas le cas. Carrément isolée la petiote, plutôt du genre à s'isoler dans un recoin et rêver, la tête dans les nuages ou, plus sérieusement à sept-huit ans, lire. Betty adorait lire. Les contes, les poèmes, la plume des plus grands la rendaient heureuse. En cas de panne, même un carnet d'adresses lui était suffisant. Elle lisait tout et n'importe quoi en effet, tant qu'elle pouvait rester seule dans un petit recoin...
Ce qui pouvait éventuellement énerver, c'était sa politesse. Son grand sourire devant les invités ou devant les hôtes ; son petit « merci » dénué de prétention. Pourtant, elle était privilégiée. Les vacances d'été aux Seychelles avec cours de plongée et les stages de ski hors de prix à Courchevel en hiver, elle s'en vantait même pas... non, elle restait bien calme dans son coin et ses amis étaient rares, voire inexistant. Elle n'en avait qu'un : Derek, un petit gamin démuni qui habitait dans l'un des quartiers les plus délabrés de Londres. C'était étrange de les voir ensemble alors que lui connaissait son statut social. Pour elle, ils n'en avaient pas mais plus elle grandit, plus elle s'en rendit compte. Elle devint une prude, et lui un voyou, et plus rien ne les retint ensemble.

Elle était futée et intelligente la petite. Première de classe, travailler ne lui avait jamais posé problème. Ses parents l'aidaient énormément car ce que je lui ait toujours retenu était son grand esprit familial. Elle aurait tout sacrifié pour un membre de sa famille, mais même si elle savait que, grâce au pognon de ses parents, elle n'en aurait jamais l'opportunité... Elle était devenue prude. Même pire que ça. Elle avait peur du sexe opposé ou même de l'homosexualité. Pas du genre a ramener des mecs à la maison la petiote et encore moins d'être ramenée chez eux... elle ne fréquentait personne au collège et au lycée et tout le monde s'étonnait de voir une aussi jolie demoiselle s'isoler ainsi... Ses professeurs en était plus que ravis, et les bulletins scolaires remplis d'excellentes appréciations et de notes tout aussi encourageantes.
Le problème, c'est que la Betty n'aspirait pas vraiment à une grande carrière. La richesse ne l'a jamais intéressée. Bon d'accord, le luxe, un toit et de la bonne bouffe l'ont entourée et pour rien au monde elle ne le changerait, mais voilà, s'enrichir ne l'inspirait pas. À ses dix huit ans, elle parla sans arrêt de ce projet qui lui trottait dans la tête : une librairie. Être entourée de livres, tel était son souhait que les bons vieux Dawkins exaucèrent. Et c'est une excellente commerçante. À l'écoute, donnant de très bons conseils à droite à gauche. Elle sait ce qu'elle dit...

Mais il lui manquait quelque chose, ça se sentait dans ses manières douces. Jamais elle n'était sortie le soir. Mais depuis peu, tout cela est sur le point de changer. Lexie est revenue à la vie. Mais qui est donc cette Lexie hein ? C'est tout simplement l'arrière, arrière, arrière, arrière etc grand-mère de Betty. Une femme qui profite pleinement de la vie et de ses plaisirs. Peu à peu, elle est devenue son modèle et mettons que la peur et la timidité sont souvent mises de côté. Elle l'aide, dans tous les sens du terme. À s'ouvrir, à sortir le soir pour danser et rencontrer des garçons...