Morgan Blackbrunl && Alyssa Seymour

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Morgan remontait une des rues les plus commerçantes de Londres, les bras chargés de paquet de grande enseigne, elle avait eu besoin de se faire du bien et c’était passé par une crise de shopping intensif ce qui n’était pas des plus problématiques. La jeune femme avait les fonds nécessaires pour ce genre de folie, et ce depuis toujours. La nuit était tombée et il commençait à se faire tard, pourtant elle voulait faire un dernier arrêt dans la boutique Burberry. Un nouveau sac à main voilà ce qui achèverait de lui remonter le moral mais un coup d’œil à sa montre lui dit que le magasin serait peut-être déjà fermé à cette heure-ci. Accélérant le pas, Eve fut ravie de constatée que la porte était encore ouverte. Elle se glissa donc à l’intérieur à la recherche du sac parfait. La demoiselle se fit un peu l’effet d’un pingouin tout seul sur sa banquise tant elle se rendit compte qu’elle était la seule cliente et qu’elle devait donc être une gène sans fin pour la vendeuse obligée de rester un peu plus longtemps à pas sa faute.

Mais bon cette dernière n’allait pas râler non plus, elle était surement payée à la commission et les livres sterling d’Emy seraient toujours de l’argent en plus dans ses poches. Ainsi sans véritablement prendre ses aises, l’étudiante se permis de trainer dans entre les diverses tables de présentation des produits. Tout était chic et de bon goût, travailler ici ne devait pas être le même calvaire que celui d’une simple caissière. Sauf peut-être à cause des touristes parce qu’il ne fallait pas oublier que cette rue en était infestée du soir au matin, du matin au soir. Des français congelés, des allemands vulgaires ou des italiens hurlant à la mort, ce n’était pas supportable et cela expliquait que Morgan fasse ses courses le plus tard possible, quitte à rater parfois des occasions. Par exemple, la brunette aurait voulu pousser jusqu’à La Perla pour se trouver un nouvel ensemble de lingerie capable de subjuguer Elijah mais ce ne serait pas pour ce soir. De toute façon elle ne le voyait pas aujourd’hui, à cause d’un stupide diner de famille ! Se retrouver coincée dans une pièce close avec son père et son frère était loin de correspondre à la définition que Mo’ se faisait d’une bonne soirée, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix de toute façon.

« S’il vous plait je peux vois celui-là ? »

Fit la jeune femme à l’attention de la vendeuse qui se trouvait à proximité. Le sac se trouvait sur une étagère mural et Eve savait qu’en essayant de l’attraper toute seule, elle se ferait plus détester qu’autre chose. Et puis le but de ce genre de boutique c’était aussi un peu de se faire cirer les pompes. Ce qui n’était que logique avec les montants qui s’affichaient sur les factures. Cela n’empêcha cependant pas Emy d’afficher un sourire aimable et polie pour la jeune femme qui vint à son secours. Elle avait bien besoin de faire un brin de conversation superficielle !

Morgan garda son sourire quand la vendeuse accéda à sa requête. Cette dernière disparue dans un recoin du magasin et ressortie avec une échelle qui lui permettrait d’atteindre le sac à main sans se démener ou mettre le bazar dans l’étagère. Eve était habituée à la manœuvre, ce n’était pas son premier achat de façon général ou dans la boutique. Et puis si la demoiselle qui allait être à son service pour les prochaines minutes était un minimum intelligente, elle aurait vu les sacs de grandes marques que la brunette avait déjà à ses pieds. Silencieusement, l’étudiante observa l’ascension et ne prêta pas la moindre attention aux trois hommes qui venaient d’entrer chez Burberry. Elle aurait peut-être dû car à la tête de l’un d’eux, on pouvait deviner que cela ne sentait pas bon dans l’air. Plus fort que l’urine, c’était comme le nez au milieu de la figure.

« Alors les bourgeoises, on fait du shopping avec l’argent de papounet ! »

Mo’ fut pour le moins insultée par ce que venait de dire le plus gras des trois. Il avait vu sa tronche avant de parler et d’émettre un jugement, probablement que non. Cependant la demoiselle devait aussi s’avouer qu’elle était morte de trouille, en conséquence ses doigts se crispèrent sur l’objet entre ses mains. C’était bien sa veine, et par-dessus le marcher, l’agent de sécurité n’était pas en poste à ce moment là. Avec de la chance il se trouvait simplement derrière mais rien n’était moins sûr. Son imagination débordante de lectrice acharnée commençait déjà à lui montrer les pires scénarios possibles. Qui étaient ces types, que leur voulaient-ils, pourquoi maintenant, pourquoi elle ? Parce que même si rien n’avait été encore dit, il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’ils ne leur voulaient pas du bien. Emy se retint cependant de répondre et de façon peu aimable en plus. Elle pouvait se montrer impulsive par moment mais elle ne voulait pas non plus agir bêtement ici. Pour tenter de se rassurer, la jeune femme s’adressa plutôt à la vendeuse.

« Il est très beau mais il me parait un peu petit pour un sac de tous les jours. »

Sa voix était aussi maitrisée qu’un triptyque de Ewa Gawlik, mais on ne pouvait pas être plus loin de la vérité. Avec de la chance la vendeuse serait plus à l’aise dans cette affaire. Après tout elle devait en voir tous les jours des zigottos dans ce genre là non ? En tout cas elle l’espérait. Et puis si ça se trouve Ev’ était en train de ce faire un film énorme tout ça à cause de trois touristes un peu grossiers à son goût.

Eve n’était pas tout à fait sûre de ce que lui provoquait la réponse de son interlocutrice. Elle jouait le même jeu, à savoir ignorer les rustres qui venaient de débarquer mais en même temps, faire l’autruche à deux ne les aiderait pas en cas de pépin. Car pendant que la discussion futile se passait, les intrus en avaient profité pour investir totalement le magasin et mettre les demoiselles en échec. Morgan pouvait sentir son rythme cardiaque accélérer de façon drastique. Elle avait peur. Pourtant ce n’était pas la première fois qu’elle jouait avec le feu, mais il y avait une différence entre ce mettre en danger et l’y être véritablement. Le plus ‘poli’ de la bande commença à pousser la chansonnette et cela eut le don d’envoyer un frisson glacé le long de l’échine de la brunette. La seconde d’après il gloussait en sortant une arme.

Morgan sursauta et eut le réflexe stupide de mettre les mains en l’air, comme le demande les braqueurs de banques. C’était idiot parce que les hommes n’avaient rien demander, sauf la direction du coffre, mais l’étudiante préférait montrer patte blanche tout de suite. Puis elle lança un regard plaintif à sa compagne. Elle était leur seul espoir, parce qu’elle devait pouvoir répondre à la requête des malfrats et les aider à s’en sortir vivantes et sans aucune égratignure.
Ou en tout cas, Emy l’espérait du plus profond de son cœur. Elle se mordit aussi les lèvre pour se retenir de dire un truc stupide, du genre, elle et pas moi, bien qu’il fallait avouer qu’elle n’était d’aucune utilité dans cette histoire, sauf si on comptait le peu d’espèce qu’il lui restait et la carte de crédit de papa. Etonnant comme finalement elle correspondait à la description sommaire qu’avait le gros tout à l’heure en parlant des clientes de la boutique.

Morgan se désola à un point inimaginable quand elle entendit la vendeuse dire qu’elle n’avait pas un poste assez haut dans le magasin pour être en charge du coffre. Ce qui devait bien évidemment être faux puisqu’elle faisait la fermeture, elle avait forcément de quoi placer la recette du jour dans le coffre, ne serait-ce que parce que la journée se finissait toujours avec un titulaire. Eve ne travaillait pas mais elle savait comment marchaient les choses dans les boutiques. Pour ne pas céder à l’angoisse, la brunette s’appliqua à respirer calmement, prenant de grandes inspirations et expirant lentement. Et dire qu’elle avait prit des cours de taekwondo et que la elle paniquait comme une fillette. Vous parlez d’un effet placebo, elle se donnait de grands airs avec son sport de combat mais en situation, elle se fondait avec le mur. Puis celui qui devait être le chef de la bande, indiqua à la vendeuse qu’elle n’avait pas intérêt à jouer plus longtemps les malines ou il lui en couterait, et il n’oublia pas de préciser à ses acolytes, que la cliente, Emy donc, devait aussi être surveillée.

Lasse de sa position, Mo’ fini par baisser les mains et croisa les bras sur sa poitrine. Pourquoi avait-il fallu qu’elle ait envie d’un sac à main, l’envie même d’entrer dans le magasin aurait dû être une mauvaise idée. Ce n’était pas son genre de s’écraser comme ça comme une mauviette, son père était trop bien placé pour le savoir, bon d’accord lui en général ne lui pointait pas une arme au visage pour la punir. Profitant de la petite once de courage qui l’avait envahie, Eve tenta de lui proposer un marché.

« Écoutez, moi je ne sers à rien, alors pourquoi je ne vous donnerais pas ma montre, c’est une Cartier, pour votre petite amie, et en échange vous me laissez partir. »

L’étudiante avait eu une boule de stress au ventre tout le long de sa tirade et son interlocuteur ne cilla à aucun moment. En revanche quand elle eu fini il lui attrapa le poignet et décrocha le bijou qui donnait l’heure.

« Non, mais je la prends quand même, ça fera plaisir à ma chère mère. »

Alors il n’avait pas l’air d’une lumière comme ça, mais en réalité il y avait quelqu’un dans sa boite crânienne. Agacée, Morgan lui jeta un regard noir sans rien dire, et reporta son attention dans la partie de la boutique où avaient disparues la blonde et le gangster.

Après qu’elle se soit fait voler sa montre, Morgan avait prit le partie de se taire une bonne fois pour toute, visiblement ouvrir la bouche ne lui réussissait pas des masses, alors mieux valait se la jouer discrète. Sous le regard inquisiteur du preneur d’otage, du moins l’un d’entre eux, Eve se contenta de croiser les bras sous sa poitrine, outrée d’avoir été ainsi humiliée. Elle tentait de s’en sortir et finalement, la belle perdait un cadeau. Ce n’était pas sa journée, ou alors un pouvoir supérieur tentait de lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas impunément dépenser tout l’argent de papa. Impensable, incroyable, aussi impossible qu’une eau naturellement minérale trouvant sa source à Londres. Et puis le temps commençait à être long.

Cela faisait entre cinq et dix minutes que la vendeur et le chef du groupe avaient disparus dans l’arrière boutique, et Mo’ espérait que rien ne lui était arrivé, au pire rien de grave. Elle commençait sérieusement à s’inquiéter, pour son avenir et l’état dans lequel elle sortirait de chez Burberry. La brune se sentait d’une nullité extrême, elle ne servait à rien, n’arrivait à rien avec son semblant d’agresseur. Et elle était morte de trouille à l’intérieur. Est-ce qu’on la punissait pour la façon dont elle avait traité son père ses derniers temps ? Ou bien parce qu’elle ne prenait pas le temps d’aller voir sa mère à l’hôpital ? Tant de question sans réponse et qui le resterait peut-être si elle finissait par sortir les pieds devant.

Soudain un cri perturba le silence ambiant et un énorme bruit. La situation commençait visiblement à chauffer. Il se passait des choses étranges dans la partie cachée du magasin. Morgan tendit l’oreille, cherchant à entendre le moindre son, le moindre signe qu’il fallait qu’elle agisse, ou qu’elle tente de fuir. Quoi ce que fut mais elle n’en pouvait plus de se tenir là, à ne rien faire, totalement perdue. Finalement la vendeuse ressortir, elle présentait une difficulté pour marcher, ses cheveux étaient tout ébouriffés. Emy écarquilla les yeux de surprise et ignora les aboiements des malfaiteurs quand elle couru pour rejoindre la jeune femme.

« Ça va ? Vous avez mal quelque part ? Et plus doucement pour que juste la blonde entende. Où est le troisième ? »

Cela restait effectivement un problème de taille. Si l’employée venait de s’enfuir après le vacarme, alors le bedonnant ne tarderait pas à faire irruption dans la salle à son tour, et nul besoin de dire qu’il ne serait pas très content. Dans le cas inverse, si la demoiselle l’avait mit en échec, les deux autres finiraient par s’en rendre compte et pourraient très sûrement chercher à se venger. Dans les deux cas, cela sentait très mauvais pour les jeunes femmes. Et Morgan n’aimait pas cela du tout.