I'm forever blowing bubbles | Betty

I'm forever blowing bubbles

Betty & Elayne

I'm forever blowing bubbles,
Pretty bubbles in the air.
They fly so high,
Nearly reach the sky,
Then like my dreams,
They fade and die.
Fortune's always hiding,
I've looked everywhere,
I'm forever blowing bubbles,
Pretty bubbles in the air.

Non non je ne supportais en aucun cas West Ham. Je ne supportait aucun club de foot de toutes manières. Mais cette chanson, elle m'inspirait. Elle était belle. Elle mettait un peu de couleur sur mes idées noires. Pour les cacher, les enterrer loin. Ou les faire s'envoler comme de jolies bulles dans l'air.

Une cigarette au bec. J'étais adossée à un mur devant le HMV de Piccadilly Circus. Un endroit passant très passant ou il y avait plein de monde. Et j'observais les gens. Cette chanson dans la tête il m'arrivait parfois de la fredonner. Doucement. Surtout le refrain. Les gens me regardent. Certains sourient, certains me regardent comme si j'étais une clocharde. Il faut dire que … je ne ressemble à rien aujourd'hui. Non seulement j'ai une pâleur cadavérique ces derniers temps. Mais comme je n'arrivais pas à trouver le sommeil j'imagine que je devais encore avoir l'air d'un cadavre sur pattes. Et puis, personne ne me reconnaitrait. D'habitude ils passaient des heures pour me maquiller pour ne pas laisser transparaître mon vrai physique. Parce que ça serait beaucoup moins vendeur sinon! Je soupirais. Mon visage s'étalait au rayon librairie. Rien à voir à mon visage actuel si je me regardais dans un miroir. Mais ça n'était pas grave. Un blouson en cuir, un débardeur blanc un peu trop grand et un short en jean accompagné de boots noires vernies. Le physique n'avait jamais été mon principal souci. Encore moins quand je voulais me mêler aux autres.

Ma cigarette se consommait de plus en plus. Et je tirais frénétiquement dessus. Je me souviens de la réaction de Samantha à ce propos. « La cigarette tue! » avait elle dit. Mais j'avais été la seule à saisir l'ironie de la situation. Mes nuits étaient de plus en plus agitées. Et les souvenirs qui me revenaient le plus souvent étaient la séance de torture. Ou bien l'ignorance totale de mes sœurs.Just like a sweet butterfly.
And as the daylight is dawning,
They come again in the morning.
Je fredonnais. Doucement simplement. Quand une cigarette se terminait, j'en ouvrait une autre. Trop plongée dans ma chanson. Dans mes pensées je n'entendis pas une personne s'adresser à moi.

Jane Eyre. L'amour dépasse la patience. Vivre aux côtés d'un aveugle dont un œil retrouvera peu à peu la vue ; au bras solitaire qui arrive à peine à sentir les traits de son visage... Jane était une suicidaire, ou bien trop aveuglée par son « amour » pour se rendre compte qu'elle fonçait droit dans le mur... Je me laissais de cette histoire, mais pas de son écrit. J'entends par là que les mots me ravissaient, les tournures de phrases aussi. Un grand classique de la littérature anglaise. Une de mes fiertés que j'avais donc décider d'exposer bien en évidence. Toutes les fans de la saga Twilight s'étaient précipitées sur le chef d'œuvre d'Emily Brontë, Wuthering Heights. Elles auraient dut le prendre en édition junior, pour éviter de l'échanger ensuite contre Hésitation ou Tentation.
Je ne savais même pas pourquoi j'avais choisit Jane Eyre. À chaque fois, je le refermai avant qu'elle ne retrouve Rochester aveugle. Je détestais alors leur mélodrame amoureux qui me passait par-dessus la tête. J'y arrivait presque. Jane parcourait l'allée brumeuse. Et la mes doigts ont refermé le petit livre de poche tombant en ruine. C'était le mien. Il avait le droit d'être décharné. Je l'ai posé à côté de moi et me suis affalée contre le dossier de ma chaise. J'en avais marre. J'étais coincée ici depuis neuf heures ce matin et je n'avais pas croisé âme qui vive. Impossible d'aller me dégourdir les jambes. J'avais apporté mon casse croûte qui gisait désormais dans la poubelle, englouti. Pas âme qui vive, alors que généralement le Week-end, j'étais surbookée. Dans tous les sens du terme.

Je me lassais aussi de ne pas entendre cette maudite cloche retentir, annoncer un nouveau client. Je me levai, doucement pour ne pas brusquer mes jambes qui étaient restées immobiles toute la matinée. Mon dos me faisait mal et mes yeux parcoururent le bureau où se trouvaient la caisse. Enfin quelque chose à faire ! une pile de bouquins à ranger. Des livres d'Elayne Ainsworth, la trilogie en édition collector. Les éditeurs ne s'étaient pas gênés, n'attendant même pas de savoir si une suite aux aventures de Lou allait paraître. Mes bras entourèrent soigneusement la pile de livres. Une tonne. Voilà le poids exact. En même temps, les volumes étaient épais.
Je les rangerais plus tard. J'avais qu'à recommencer à lire. Je n'avais jamais lu ce grand succès, pas le temps, pas envie. Il était de commencer car chaque fois qu'on me demandait s'il était bien, je me trouvais honteuse de ne pas savoir répondre. Je perdais de la crédibilité, alors autant y remédier.

Enfin, j'entendis la maudite cloche retentir, accompagnée d'un joyeux fredonnement. Un fan de football peut être ? Les sportifs ne sont pas mes meilleurs lecteurs, mais peut être que cette personne allait tout changer. J'étais pas tellement aimante du foot, mais il fallait bien s'adapter aux plaisirs de ses clients...
Je saisis le premier truc qui me tombai sous la main et le glissa à la page où je m'étais arrêtée. N'importe quoi me faisait office de marque page, même des cuillers sales... J'avais pas posé le livre. Tant pis. Je m'approchais doucement du nouveau client et avec un grand sourire sincère je lui dis :

- Bonjour ! Je peux vous aider ?

Le sportif était une sportive et elle n'avait rien à voir avec une footballeuse. Je ne la voyais que de dos, mais déjà ses longs cheveux noirs me faisaient penser le contraire. Et puis, elle sentait la cigarette à plein nez. Elle semblait perdue dans ses pensées, et continuait de fredonner. Je ne pouvais rien faire qu'attendre, si elle était un minimum polie pas comme l'autre femme de l'autre jour, elle me saluerai. Bref, je continuais de sourire.

[Bon, un peu nul... Désolée...]

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Betty & Elayne

Pourquoi je venais ici? Ce n'était pas que j'étais mégalo. Non je ne venais pas ici pour voir mon visage en grand dans l'allée principale. Je ne venais pas aussi pour qu'on me dise, oh mais c'est pas vous sur l'affiche. Ce a quoi je répondrais bien entendu, « non ». Non j'étais venue ici pour faire le plein de livres. J'avais besoin de livres, de lire, de me retrouver dans cette forteresse que je me créais à grand coups de Nietzche, Hugo ou Stocker. Et je n'avais pas envie que l'on me regarde comme une attraction. Cette chanson toujours dans la tête, comme ces bulles je m'envolais haut, haut. J'écrasais ma dernière cigarette avec la pointe des mes boots et pénétrais dans la librairie.

L'odeur des livres était à nulle pareil. Et c'était une odeur que j'aimais. C'était tellement agréable tellement rassurant. Je regardais à droite et à gauche. Fortune's always hiding, I've looked everywhere Cet endroit était vraiment superbe. Bien entretenu, mais il n'y avait pas masse de monde c'était bien dommage parce que … c'était un endroit où il était plaisant de se trouver. Je me sentais apaisée. Je pourrais aimer cet endroit. Et j'y reviendrais. C'était certain. Sûr et certain même. Je me retournais quand elle s'adressait à moi. Je lui rendis un sourire radieux. Elle semblait … tellement à sa place dans cet univers. Je ne pouvais pas vraiment dire comment … ni pourquoi. Mais … Elle était juste à sa place dans cet endroit. Je lui souris puis lui rendit avec joie son bonjour. « Bonjour » je me sentais tout d'un coup très déplacée. Je ressemblais à une vraie souillon. Cheveux certainement gras et mal coiffés. Des habits plus que … mal choisis. Mais je ne cherchais qu'une chose. Qu'on me laisse tranquille. Et pourtant. Dans ce milieu, je me sentais déplacée. Comme si avec un tel accoutrement je pouvais faire du tort aux livres qui se trouvaient autour de moi. Comme si c'était honteux.

« Hé bien … » je lui souris puis regardant autour de moi je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille. « A vrai dire je cherche une bonne dizaine de livres. » je souris en la voyant ouvrir de grands yeux. « Je n'ai pas de choix ou de préférences. J'aime beaucoup être conseillée. Je n'ai pas de préférence pour le moderne ou le classique. J'aime la lecture, que ça soit un pavé ou bien un recueil. Alors, qu'est ce que vous auriez à me conseiller mademoiselle? »